Communauté : la vie, c’est pas que les copains

De prime abord, si l’on me demande, j’aurais tendance à dire que je n’appartiens à aucune communauté. Sous l’impulsion de mon asociabilité, surement, mon côté rebelle, tout ça ! En réalité, il faut l’avouer, ce n’est pas tout à fait exact. Vous comme moi, appartenons tous plus ou moins à une communauté, à un moment donné.
Pourquoi on ne s’en rend pas compte ? Parce qu’on ne la nomme pas, on ne la définit pas. Elle est là, elle existe et c’est tout.
C’est un mot assez étrange, communauté. Chacun, quand il l’entend, peut adopter un point de vue différent.
Pour certains,  ce sera par l’écho de l’actualité et la communauté,  affublée d’un qualificatif ethnique ou religieux, deviendra une entité stigmatisée. D’autres, de manière plus terre-à-terre, penseront à la Communauté de communes, cet amalgame de communes géographiquement voisines, ou la Communauté européenne, dont on ne comprend pas toujours les tenants et aboutissants. D’autres, encore, penseront à la Communauté de l’Anneau. Mais, ça, c’est un autre problème …

Alors, pour ceux qui, comme moi, se sentent étrangers à l’idée de communauté parce qu’ils n’ont pas le sentiment profond d’entrer dans ce jeu, il peut être intéressant de s’attarder un peu. Parce que, fondamentalement, une communauté, c’est et ça doit être quelque chose de plutôt sympa (comme la communauté de l’anneau …).

Alors, reprenons les bases pour bien comprendre.

Souvent, pour bien cerner un mot, j’aime le mettre en contexte, le confronter à d’autres mots et d’autres concepts. Ici, je vais partir d’un triptyque :

Société, Communauté et Communautarisme

Nous vivons dans une société, c’est-à-dire un ensemble d’êtres humains, vivants en groupe organisé.
Lorsque ce groupe partage de manière plus restreinte un environnement et des intérêts communs, on peut parler de communauté

Donc,si je vis de manière normale avec mes congénères, acceptant les rôles, les interactions et tout le tralala, on peut dire que je vis en société. On est pas des sauvages, tout de même (sic) !
Et si j’ai des intérêts communs avec d’autres individus de mon environnement proche et que j’entretiens des relations humaines avec ces individus, il y a fort à parier que j’appartienne de manière tacite à une communauté. Ou du moins qu’une communauté se forme autour des individus sus cité. Et finalement, ça  à l’air assez banal comme truc. On peut même appartenir à plusieurs communautés tant elles sont diverses et protéiformes.

Là où les choses se compliquent, c’est qu’on parlera en réalité plus facilement de communautarisme que de communauté.
Ouh, communautarisme, le vilain mot qui fait peur!

Le communautarisme est cette fâcheuse tendance qui nous pousse, quand on appartient à un groupe, à une communauté, à se différencier et à s’éloigner des autres, ou tout aussi fâcheux, ce sentiment d’être mis à l’écart du groupe parce qu’on a pas de quoi nourrir les intérêts communs.

Du coup, en s’éloignant de son but premier, à savoir l’entre aide, le soutien mutuel et ces jolies valeurs bien vite oubliées, le communautarisme est devenu souvent triste et parfois même effrayant. Alors que ça devrait être un truc chouette (dan mon monde de bisounours).

Normalement, là, je devrais me mettre à parler d’individu, d’individualisme, d’intérêt personnel, mais il faut être honnête, je ne fais pas de sociologie ou d’anthropologie sociale. Non, non, j’ai délaissé les sciences molles (j’adore !) au profit des sciences expérimentales !

La communauté au quotidien (et pas à la télé!)

Vous vous doutez que je ne me suis pas réveillée un matin pour ouvrir mon dico, prendre un mot au hasard et écrire dessus (quoique, faudra que j’essaie !). Si j’aborde ces notions aujourd’hui, c’est que des événements dans ma vie m’ont poussée à m’interroger et amenée à l’amer conclusion que « la communauté, c’est plus ce que c’était, ma brave dame! ». Et tout ça, sans allumer la télé, vous dire que c’est du vécu, vrai de vrai!

Tout à commencer quand mon téléphone a sonné à 7h30 du matin. Instit malade, faut occuper le monstre. C’est tombé comme un couperet. J’avais prévu plein de choses pendant ces quelques heures qui n’appartiennent qu’à moi. Passer l’aspi, faire la poussière, le repassage … Zut alors ! Faut que je change mes plans. Je suis déçue !

Plus sérieusement, je me suis trouvée confrontée à l’horrible problème du « comment occuper mon affreuse qui préférerait être à l’école avec les copains/copines qu’à traîner à la maison » . Un sentiment très certainement partagé par les autres parents à qui on a annoncé qu’il n’y aurait pas école pendant 3 jours. Et c’est là que ça a fait Tilt !

Parce qu’un instit malade, même si on conçoit que c’est un être humain comme les autres, sensible aux maladies et autres joyeusetés de la vie et qu’on compatit grandement, c’est galère. Pour les parents qui bossent, bien sur, ceux qui ne peuvent pas poser 3 jours d’affilée comme ça, ni même travailler depuis chez eux et pour qui il est impératif de trouver une solution. Pour les parents qui restent à la maison aussi, parce que, nous aussi, ça bouleverse notre planning et qu’il va aussi falloir trouver une solution ! et au final, chacun se débrouille comme il peut.

C’est dommage, non !
Si on avait conscience qu’on appartient à une communauté, les choses pourraient être plus simples.
Car, oui, nous sommes parents d’enfants qui vont dans la même école, dans la même classe et nous avons comme intérêt commun de trouver une solution pour occuper nos mômes quand l’école ne peut pas le faire (grève, absence, ou autre). Si ça, c’est pas une communauté !

Exemple : Moi, je sais que pour garder ma fille, je vais sacrifier mon planning personnel. Pas de souci, ça fait partie du contrat parent-enfant que j’ai signé. Mais on est pas tous obligé de le faire ou on en a pas tous la possibilité. Et si vous êtes parents, vous aurez peut-être eu l’occasion de vous rendre compte de quelque chose : il est parfois plus simple d’occuper les enfants ensemble que de s’occuper d’un seul.
Partant de là, pourquoi est-ce qu’on ne pense pas à s’entre-aider entre parents? Tout le monde y trouverait son compte : moi j’en garde plusieurs qui peuvent faire d’autres activités ensemble, ce qui me simplifie les choses. Les parents savent qu’ils peuvent faire tranquillement ce qu’ils ont à faire, bosser ou aller chez le médecin, peu importe, parce que leur enfant est pris en charge et ne s’ennuiera pas.

Mais voilà, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Les fausses bonnes raisons qui tuent la communauté

  1. Les enfants, c’est perso ! On les a fait, on les assume ! Et si jamais on peut pas, on paye. C’est le jeu.
  2. Demander de l’aide, dans notre société, c’est reconnaître qu’on est, d’une certaine manière, défaillant ou qu’on est pas capable de gérer nos propres affaires (mais on est tous content quand tombent les allocs).
  3. De toute façon, on ne sait pas à qui demander de l’aide, parce que nos copains, ils sont dans la même galère, ou ils n’ont pas d’enfants.
  4. Les autres parents, ce sont pas mes potes, je leur dit bonjour parce que je les croise tous les matins et que je suis polie mais de là à leur demander un service,  faut pas pousser. En plus, y’en a qui ont l’air bizarre …
  5. Je ne vais pas me tourner vers un autre parent uniquement parce que j’ai besoin de lui, je ne suis pas quelqu’un d’intéressé, moi !

Je ne critique pas, je pense pareil si je réfléchis pas trop. Mais, des fois, je laisse s’exprimer mon côté bisounours et au détour de la conversation avec la maman qui m’informe qu’il n’y a pas école (car ils ont eu la bonne idée de faire une chaîne téléphonique qui marche quand elle a le temps), je lui demande si elle arrive à occuper son môme. Quand elle me dit qu’elle va galérer parce qu’elle a besoin d’aller chez le médecin, je ne réfléchis pas et je lui propose de le garder.

Et pan ! Effet communauté !

En plus, oh, chose incroyable ! C’est l’occasion de discuter un peu et on se rend compte qu’on a des points communs, qu’on peut passer un bon moment ensemble. C’est toujours pas ma pote, mais c’est un membre de ma communauté que j’apprécie et ça fait du bien ! Peu importe si on ne prend pas l’apéro ensemble un vendredi sur deux. Ça, c’est la « camaraderie » ou l’amitié, pas la communauté. Les deux ne sont, bien entendu, pas incompatibles mais ils sont aisément, et sans scrupule, dissociables.

Notons qu’il en va de même dans le travail. On n’est pas obligé d’être « copain » avec nos collègues, même si on s’entend bien avec eux. D’ailleurs, je pense qu’on n’est pas obligé d’aimer nos collègues, mais c’est un autre débat.

Pour conclure cette réflexion toute personnelle sur la notion de communauté, je dirais simplement qu’il ne faut pas en avoir peur, ni la mystifier car une communauté, c’est avant tout quelque chose de pratique et, il faut le reconnaître, assez agréable.

Enfin, la plupart du temps. Les points négatifs et les travers, je vous en parlerai une autre fois. Aujourd’hui, c’est « positive attitude » (aie aie aie).

En attendant, quelles sont vos communautés, vous?

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